Nos voyages au Costa Rica

Entre deux océans et deux continents, le Costa Rica trace son sillon sur une terre étroite, tendue comme un fil entre les Amériques. Au croisement des plaques caraïbes et cocos, ce petit pays grand comme un mouchoir de poche condense les extrêmes : à peine 300 kilomètres de large, plus de 100 volcans, dont l’Arenal au cône symétrique, le Turrialba fumant, ou le Rincón de la Vieja, avec ses sources bouillonnantes. Depuis les mangroves du Golfo Dulce jusqu’aux plages de sable noir de Cahuita, en passant par plantations de café de la Vallée Centrale, les paysages changent sans cesse. Un condensé de vie sauvage, traversé de microclimats si contrastés qu’en une seule journée, on peut passer de la chaleur d’une plage du Pacifique aux brumes d’une forêt de nuages.

Un quart du territoire est classé en zone protégée. Sur cette étroite bande de terre, le Costa Rica abrite près de 6 % de la biodiversité mondiale. 29 parcs nationaux, des réserves marines, des zones humides et des forêts primaires dessinent un réseau où la vie circule librement. À Monteverde, les passerelles avancent au-dessus des fougères, entre les broméliacées ruisselantes et le cri du quetzal. Plus au sud, dans le parc de Corcovado, les aras rouges volent par deux, inséparables au-dessus de la canopée. Tapirs, singes-araignées, coatis ou pécaris croisent les pas du voyageur sur les sentiers d’argile et même au bord des routes, les paresseux s’étirent sur les câbles électriques.Dans le parc national de Manuel Antonio, accessible depuis Quepos, les plages de sable blanc se fondent dans la forêt, où les singes capucins viennent parfois chiper un morceau de fruit laissé sans surveillance...

Côté Pacifique, les plages font le bonheur des surfeurs. À Santa Teresa ou Nosara, les planches s’alignent dès l’aube, portées par des vagues longues et lisses. Pavones, tout au sud, déroule l’une des plus longues vagues du globe, qui peut atteindre 800 mètres les bons jours. Sur la côte caraïbe, à Cahuita et Puerto Viejo, les vagues claquent fort sous les basses du reggae, porté par l’héritage afro-caribéen de Limón. Là, on entend encore les accents du calypso créole et les tambours des fêtes de rue. Dans la baie de Tamarindo, la mangrove s’avance presque jusqu’à l’eau ; on y croise des varans, des singes hurleurs et des enfants qui pêchent à la ligne depuis les rochers.

Le Costa Rica, c’est aussi une terre de croisements. L’héritage espagnol se mêle aux traditions autochtones bribri, encore parlées dans les villages de la cordillère de Talamanca, et à l’influence afro-caribéenne héritée des travailleurs jamaïcains venus construire la ligne de chemin de fer au XIXᵉ siècle. Dans les villages du centre, les marchés débordent de papayes à la chair rouge, de mangues Ataulfo, de bananes plantain grillées ou bouillies selon la saison. À San José, le musée de l’Or précolombien expose des centaines de pièces d’orfèvrerie, dont des vestiges du peuple Chorotega.

Et sur la péninsule de Nicoya, classée parmi les cinq zones bleues de la planète, on s’interroge sur la longévité des anciens. Peut-être est-ce le climat, ou les habitudes, ou peut-être simplement cette manière si costaricienne d’aborder la vie. La célèbre Pura Vida : une expression que l'on entend partout, mais qui ne se traduit pas. Elle dit tout à la fois : la tranquillité, la joie, dans ce lien à la nature que le pays a choisi de préserver bien avant l’heure.